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La danse invisible du Viol et de l'Amour...

26 septembre 2020

Plonger dans le vide intérieur. Découvrir mes creux, morts, froids. 

Voilà l'intention que j'avais poser la semaine dernière en formation de coach. 

Je sentais en moi, monter des espaces de plus en plus nombreux et profonds de néant. De tristesses, de chaos. 

Aller à la découverte de ses trous noirs était mon souhait.

Car tant que je ne vais pas à la rencontre de toutes les parts de moi-même, je ne pourrais pas m'aimer entièrement. 

Ces trous noirs me faisaient peur. Mais en même temps, une part de moi savait que leur exploration était inéluctable. 

Alors, depuis quelques jours, c'est le chaos à l'intérieur de moi. 

Soudainement, je suis engloutie à l'intérieur de moi. Et comme dans une baïne, mon corps, mon esprit, mes émotions sont ballotés dans un roulis de vagues infinies. 

Cette nuit, la vague était un tsunami. J'ai senti mon corps tout entier se disloquer. mes cellules explosées et comme les images mentales que j'ai du Big Bang, exploser et me dissoudre intégralement.

Accepter de ressentir ce chaos. Accepter d'imploser. de ne plus être. De ne plus exister. De sentir la Mort envahir de froid et de nuit, mes veines. La sentir arriver à mon cœur. Sentir Sa progression et sa main maigre, osseuse et froide serrer mon cœur jusqu'à mon dernier souffle. 

Retenir mon Inspiration, ultime résistance pour vivre. 

Couchée dans mon lit, mon corps était attiré dans un vortex à la fois vertical et horizontal. Je mourrais écartelée entre deux dimensions. 

Observer ce mécanisme à l'intérieur de moi: vouloir la guerre avec l'autre pour apaiser mes tensions intérieures.  

Puis attendre silencieusement que l'autre devine et comble mes besoins, quitte à provoquer une embrouille pour me divertir de mes propres turpitudes...

Accepter de ressentir. Accepter la peur. Accepter le vide. Le néant à l'intérieur de soi. 

Revenir à l'essentiel: de quoi avais-je réellement besoin? De me sentir en sécurité pour descendre dans les tréfonds de mon Âme. 

Alors, j'ai essayé de connecter avec ma propre sécurité intérieure. Elle n'était pas assez solide.

Les flashs sont apparus. Lentement. Furtivement puis de plus en plus rapidement. 

Une cage. La nuit sombre. Des barreaux. Une porte fermée. Une porte lourde ancienne et gravée. L'ultime gardienne de mon essence. Entrouvrir la porte malgré la peur. La terreur de ce que je vais y trouver. 

D'autres flashs... La petite Gabrielle. J'ai dix ans.

Les agressions sexuelles. 

Le goût de se sentir morceau de chair et en même temps heureuse de recevoir cette "attention" que je pensais être de l'Amour. 

Servir de kleenex à l'autre. 

La honte dans ma chair. 

Les silences. 

Les non-dits

La culpabilité

La peur de provoquer la chute d'amitiés trois fois plus âgées que moi. 

Sentir que mon corps portait si jeune, l'honneur et le déshonneur des miens. 

Mon corps cette chose qui ne m'appartenait pas...

A 18 ans, dans un élan d'amitié pour un ami en détresse, je prends le train. Je vais le soutenir dans ce qu'il traverse.  

En un rien de temps, je me retrouve sous lui, dans son lit étroit d'étudiant, ses doigts qui parcourent mon corps. Il me force. Il me force à tenir son sexe. Je n'ai jamais vraiment vu un sexe d'homme. Je sens dans ma main toutes les veines, les textures. Il vibre et j'ai peur. C'est une peur ancienne. Et pourtant, elle est tatouée dans chacune de mes cellules. Je suis terrifiée. 

Je sens sa force bestiale sur moi. Ses épaules musclées m'écrasent la poitrine. Ses lèvres arrachent et mordent les miennes. Je pleure. Je supplie. 

Une partie de moi est déjà partie, ailleurs, car elle sait déjà ce qui va arriver. Elle ne veut plus revivre cela. Une autre partie est en colère! Elle hurle à l'intérieur de moi! Elle est prête à se battre, à griffer, à tuer et à mourir pour ne plus revivre l'intrusion. L'enfant n'avait pas reçue de protection, cette part de moi était prête à mourir pour nous. Pour protéger notre intégrité

Je le menace de "tout dire" à ses parents. Il s'arrête net. Il se couche derrière moi et enserre de ses bras musclés et lourds comme la porte d'une geôle. Passer la nuit en sursis. Sentir la fragilité de ma vie et son désir s'éveiller à différents moments de la nuit et prier pour que la menace du "dire" soit encore opérante. Ni mon corps, ma force, mes bras, mes paroles n'étaient suffisants pour assurer ma sécurité. Impuissance apprise...

Au petit matin m'échapper avec ma valise! Courir! Partir loin! Avec encore une fois, la peur, la honte, le silence, les non-dits. Et ce corps, qui ne m'appartient toujours pas et qui porte honneur et déshonneur au delà de ma personne. Ce corps qui lie des alliances. Et qui porte en lui, le poison qui pourraient leur porter atteinte. ..

Je suis toujours allongée et aspirée entre deux dimensions. Les flashs reviennent. 

Une cage sombre. Un cœur rouge vif enfermé. La beauté des contrastes. Et puis une source d'eau fraiche et joyeuse qui s'écoule de ce cœur comme une cascade. Rien ni personne ne peut entraver cette candide fontaine. Elle EST. 

Immuable, éternelle, douce et pourtant indétournable. Elle s'écoule jusqu'à la Source. Et reviens au cœur purifiée et magnifiée. Elle revient nourrir le cœur.

Entendre Ce besoin de parler.  

Sentir les sons sortir de ma bouche... 

Dire... Parler... Seul moyen de survie. 

Demander de l'aide.  

Un autre homme dans mon dos. Il dort à une distance, qui à ce moment là, me semble énorme. J'ai besoin de sentir la sécurité extérieure. La protection de l'homme, du père, du frère, de l'ami. J'ai besoin de vivre l'effet de mes mots, leur puissance sur ma sécurité. J'ai besoin de me sentir reçue et accompagnée. 

Je m'approche de lui, entre rêve et réalité. Je ne sais plus trop. Le chaos est là, les peurs, la honte, la culpabilité. Je sens à quel point faire cette démarche est difficile pour moi. Aller vers l'autre au risque de...

La peur de devoir parler plus que ce dont je me sens capable en ce moment précis et surtout plus que ce que j'en ai besoin. 

"Prends moi dans tes bras s'il te plaît". 30 ans pour que l'enfant ose demander du soutien.

Il me prends dans ses bras. J'éclate en sanglot. Il m'offre un espace chaud et sécure. Ses épaules sont musclées, ses bras sont lourds, sa présence dans mon dos, son souffle dans mon cou. Il s'est déjà rendormi.

Deux scènes se superposent. Dans l'une j'ai peur et je suis une proie. Dans l'autre, je suis une femme qui n'a pas peur et qui sait dire "Stop".

Ne pas me laisser distraire par les bras mais m'en servir comme rampe pour descendre encore plus profond dans le chaos.

Ne pas me noyer dans l'autre, mais être présente pleinement et entièrement à moi par l'intermédiaire de l'autre. 

Cette cascade c'est moi. Je le sais. C'est mon Essence. C'est ma Nature. 

D'autres flashs arrivent plus vite. Comme si, la sérénité touchée par la vision de ma Nature, autorisait plus d'informations frontales. 

Des jambes, il court. Je ne voit de lui que ses jambes. Et pourtant, je suis profondément amoureuse! je ne sais pas quelle tête il a... Est il moche? beau? peut-importe, mon corps, mes cellules l'ont choisi. Je me hisse en dehors de la voiture. Je l'aperçoit. Des cheveux bouclés d'un noir de jais. Ses yeux, sont deux billes noires et brillantes. Facétieuses. J'ai déjà envie de jouer avec lui!

Sa bouche... perlée et d'un rouge profond. Sa peau est ambrée. 

J'ai 15 ans, je ne connais aucune des sensations que je ressens. Pourtant, mon corps les connaît. Mon corps de femme naissant a envie de me blottir dans ses bras. Mes reins ont envie de se cambrer contre son bassin. Mon cou se tends naturellement pour le regarder et ma bouche s’entrouvre pour sentir ses lèvres. Mes lèvres connaissent déjà la chaleur, la texture et le goût des siennes. 

Nous nous regardons. Et nous savons. Nous ne savons rien de nous. Même pas nos prénoms. Pourtant, l'essentiel est dit: nous nous aimons.

D'autres flashs viennent effacer celui là. Des scènes ensemble où nous sommes avec nos parents. J'entends et ressent l'interdiction de nous aimer. La peur de désobéir aux diverses autorités familiales. 

Notre Amour, nos corps, nos désirs adolescents ne nous appartiennent pas. Corps qui brûlent de se toucher, de fusionner, de s'aimer. Mais qui se contentent de quelques baisers volés et enrobés de peur et de honte. 

Des mains qui s'effleurent et nous emmènent au delà de tout sens. Nos regards qui font ce que nous ne pouvons faire. Ils se mélangent, s'abreuvent des heures entières l'un dans l'autre, pendant que nos corps se tiennent à une distance convenable. 

Le souvenir d'une nuit entière ensemble. N'osant à peine nous toucher. Et pourtant, des échanges, des rires, du plaisir d'être ensemble. Cachés par la nuit. Notre Amour libre à l'abri de la peur, de la honte. Notre Amour vivant et nous appartenant.

Une nuit.

Puis la fin de vacances, des semaines entières à pleurer ce vide en moi, sans que personne ne me voit.

-Corps invisible. Tristesse invisible.

Dans mon lit, étendue dans ses bras, je pleure enfin, cet Amour de jeunesse qui est mort né. Qui n'a pas eu ni l'espace, ni le droit de vivre. 

Pourtant, au plus profond de moi, au plus profond de mon Âme, de mon corps, ce chaos intérieur venait me permettre de me souvenir de mes sensations. 

L'Amour que je désire vivre, donner et connaître à ce goût. Il a la saveur de la passion instinctive. Il a la beauté et la candeur de la jeunesse et de l'insouciance. Il ne connait aucune peur qui ne soit assez forte pour ne pas être dépasser. Il ne connaît aucune honte, ni culpabilité. Il ne porte atteinte à rien, ni à personne! Il EST!

A l'image de la source à l'intérieur de mon cœur, il EST. Il n'a besoin de rien d'autre. 

Mon histoire personnelle et mes histoires amoureuses étaient venues me dire que mon corps était extérieur à moi, qu'il ne m'appartenait pas. Que n'importe qui, n'importe où avait le droit d'en disposer et que moi, je devais assumer dans le silence, la peur et la honte, la responsabilité entière de ce qui m'arrivait. 

Ces histoires venaient me dire que je n'étais rien ni personne de valable, ni d'aimable, et que comme la petite Gabrielle, je devais me contenter de miettes d'amour.... ou de quelque chose s'en approchant. 

La danse des agressions sexuelles et des attouchements m'avaient tourné la tête! Le sens (bon) et les sens! Dans mon corps et mon esprit, les sensations ressenties lors de ces évènements, étaient gravés en moi en une croyance qui disait: "Si tu as quelqu'un avec toi, c'est déjà super. N'attends pas plus. Tu as déjà ce que tu mérites". Des miettes. 

Et l'enfant-Miette avait grandi, était devenue une Grande-Miette qui se contentait de Miettes personnelles et professionnelles. 

Non pas que les personnes avec qui j'étais n'étaient pas "bien", mais une part de moi savait que ce qui nous unissait était entâché des relents du passé. Une grande part de moi, aspirait à revivre l'Amour, celui qui était gravé dans mon Âme, en lien direct avec le Divin. 

Aujourd'hui, je sais que ma Vie ne sera plus jamais la même. 

J'ai traversé un de mes chaos et j'en suis revenue avec le goût de ce que je recherchais sans savoir exactement ce que c'était. 

Maintenant, j'ai ma boussole en main, ma direction. J'ai reconnecté avec ce corps qui est mien dans son intégralité (aujourd'hui), il m'appartient! Il est mien. Mon pouvoir est dans mes décisions, mes actes, mes paroles.

J'ai le pouvoir de demander le pain que je veux! Et même d'acheter une boulangerie!

Plus de miettes pour moi. Je veux TOUT. J'ai droit à TOUT!

La traversée de ce chaos m'a permis de voir cela. Les bras d'un homme m'ont accompagné a défaire les chaînes que les bras d'autres hommes avaient mises autour de moi, mon corps, mes rêves.

Petite blague de la Vie. Il porte aussi le prénom d'un Archange qui de son épée délivre des démons.

Depuis quelques temps, je souhaitais mettre mon corps à nu. Et à chaque fois que je partageais mon envie, on me demandait "pourquoi tu as besoin de t'exposer nue? ".

Parce que j'en ai envie.

-Que c'est mon désir et qu'il ne réponds au désir de personne d'autre. C'est ma façon de dire. De parler. d'oser les Mots. De montrer que la miette n'en est plus une. Elle n'a plus peur, ni honte d'elle, de son corps.

La paix est faite. Dans les larmes, la douleur, les résistances, et surtout avec beaucoup d'Amour pour toutes les parts de moi.

C'était déjà la raison d'être de mes accompagnements et je vois que cela va prendre encore plus d'ampleur!

Je veux accompagner d'autres corps à se reconnecter à leur Essence et à se redécouvrir à travers leur histoires, leurs désirs, leurs blocages. Je veux accompagner les traversées de chaos! Et à redevenir des Êtres créateurs, de pouvoir, en lien et harmonie avec leur corps, leurs émotions et leurs désirs!

Je veux accompagner les réconciliations entre les différentes parts de soi, pour ne plus Être que SOI!

Quels sont les mots, les actes que toi tu n'oses pas encore dans ta vie? Racontes moi qui tu es tout au fond dans ton chaos.

With love

Gabrielle